Genève a déjà son plan d’attaque

19 août 2009, la canicule tape depuis plusieurs jours. Les fontaines et les plans d'eau de la ville sont pris d'assaut, comme ici sur la place des Nations. Photo: Pascal Frautschi.

19 août 2009, la canicule tape depuis plusieurs jours. Les fontaines et les plans d'eau de la ville sont pris d'assaut, comme ici sur la place des Nations. Photo: Pascal Frautschi.

Genève est le premier canton à s’être doté d’un Plan climat qui définit un objectif clair ainsi que les moyens de l’atteindre. L’objectif, c’est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici à 2030 (par rapport à 1990). Le plan prévoit un premier train de vingt-cinq mesures à mettre en œuvre jusqu’à 2022. Il s’agit essentiellement de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, mais il y a d’autres mesures dont le but est de nous adapter au changement climatique, en particulier en termes de santé, d’agriculture et de biodiversité.

Les forêts genevoises font par exemple l’objet de toutes les attentions. En effet, les jeunes arbres — dont certains vivront jusqu’à 100, 200 ans ou plus — connaîtront demain des conditions climatiques très différentes. Mais vu le temps que mettent les arbres à croître et à se reproduire, il se peut que leur capacité d’adaptation soit prise de vitesse par le changement climatique. C’est pourquoi le Plan climat cantonal préconise d’assurer un entretien adéquat de nos forêts et d’y promouvoir la futaie irrégulière, c’est-à-dire la cohabitation d’arbres d’essences et d’âges différents. La forêt aura ainsi une meilleure résilience face au réchauffement et autres extrêmes météorologiques induits par le changement climatique, tels que les tempêtes, les orages, etc.

La diversité, c’est la clé de la survie. Bertrand von Arx, directeur de la biodiversité à l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN), souligne que la qualité de notre environnement naturel est primordiale pour atténuer les effets du changement climatique sur la faune et la flore locales: «Une variété de milieux naturels de qualité, correctement mis en réseau grâce à des corridors biologiques, permet de limiter l’impact sur les espèces sauvages, qui pourront encore trouver des refuges avec des micro-conditions parfois un peu plus favorables.»

De même, la plus grande diversité possible d’espèces et de populations permet à celles-ci d’être plus résilientes grâce à un patrimoine génétique plus riche. Préserver cette richesse signifie protéger les habitats des espèces les plus vulnérables, notamment en créant des réserves naturelles et en renaturant des cours d’eau.
Il faut par ailleurs protéger l’agriculture de l’arrivée de nouveaux ravageurs. Pour cela, le Canton et l’Hepia (Haute École du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève) ont lancé en 2014 un projet de réseau de surveillance dans le cadre du changement climatique. Il s’agit, en collaboration avec les milieux agricoles, de détecter dès que possible l’apparition de nouvelles espèces d’insectes et de mauvaises herbes, ainsi que les nouvelles maladies touchant les cultures.

Rémy Zinder, directeur du Service cantonal du développement durable, précise que certaines mesure du Plan climat nécessitent de changer la législation, ce qui peut prendre du temps. Le WWF et l’Association Climat Genève ont salué ce plan, mais regrettent notamment qu’il ne prévoie pas de ressources budgétaires pour les mesures à mettre en place.


Bertrand von Arx, directeur de la biodiversité à l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN). Photo: Valérie Anex / OFEV

© Tamedia