La matériel? Peut mieux faire

Autant le visuel est bluffant dans les jeux vidéos les plus cotés, l'historicité du matériel peut faire défaut

Autre limite de ces jeux vidéo, ils reprennent des clichés du cinéma, et donc cela diminue l’historicité de leur scénario. C’est parfois le cas avec le matériel présenté, selon Thibault Gagnage (photo), alias «Thibault Hycarius», à l’origine à la chaîne YouTube «Histoire appliquée». Ce jeune médiateur culturel qui vit sur une péniche en région parisienne est un passionné de matériel et a l’habitude de décortiquer films et jeux vidéo.

«Certains jeux de stratégie vont parfaitement respecter les événements, la vie de certains personnages et les grands principes d’une époque. Mais pour le matériel, on est souvent à côté de la plaque, pour plusieurs raisons», analyse Thibault Gagnage. Pour autant, il nuance son propos en rappelant qu’il s’agit avant tout d’œuvres de fiction, qui ne tendent par essence pas à l’historicité totale.

Des exemples de matériel approximatif? Les épées qui semblent souvent être particulièrement lourdes et nécessitent d’être utilisées à deux mains, alors que la plupart ne pèsent qu’un ou deux kilos. Ou les armures, qui paraissent souvent grandes et très encombrantes.

«Dans de nombreux cas, les développeurs n’ont aucune idée de la façon dont fonctionne ce qu’ils utilisent, ajoute Thibault Gagnage. Les armes tirent souvent trop vite, soit à l’inverse elles ne servent presque à rien. Par exemple, aucun producteur de jeux vidéo n’a eu un jour une arbalète entre les mains.»

FarCry Primal (Ubisoft, 2016)

Outre Thibault Gagnage, de nombreux historiens, profs et médiateurs culturels réalisent des vidéos sur internet pour analyser les jeux vidéo historiques. Parmi ces profs, il y a Romain Vincent, doctorant en sciences de l’éducation à l’Université Paris 13. Avec sa chaîne YouTube «JVH – Jeux vidéo et histoire», il a tenté d’utiliser les jeux avec ses élèves de 11 à 14 ans. Mais l’exercice est très compliqué.

Il appelle à la prudence face à l’historicité supposée des jeux vidéo. «Ils peuvent avoir une vertu, celle d’amener à s’intéresser à une époque, commente-t-il. L’histoire y est surtout accessible via les cinématiques, c’est-à-dire les scènes vidéo où le joueur est passif. Quand le joueur est actif, il est pris dans le jeu, les combats et la customisation de son avatar. S’il peut s’imprégner du visuel, il n’a pas beaucoup de place pour réfléchir à autre chose.»

Assassin's Creed Odyssey (2017)

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