«Un mélange assumé entre fiction et Histoire»

Interview de Maxime Durand, l'historien des équipes d'Ubisoft à Montréal

Les équipes d’Ubisoft ont ceci de particulier qu’elles s’adjoignent l’aide d’historiens pour réaliser leurs jeux. La société en a même engagé spécialement pour la série Assassin’s Creed. Historien formé à l’Université de Montréal, Maxime Durand dirige l’équipe d’historiens d’Ubisoft au Québec.

Comment préparez-vous un épisode d’Assassin’s Creed?

Un jeu se développe sur une période de deux à quatre ans, entre la décision de le créer et sa sortie. L’aspect jeu va primer, mais l’équipe de direction va travailler d’emblée avec des historiens. L’objectif est de s’inspirer de l’Histoire en définissant précisément la période dans lequelle se déroule le jeu et d’aider l’équipe de développeurs à trouver les outils de recherches nécessaires.

Concrètement que fait un historien dans une équipe de développeurs de jeux vidéos?

Nous organisons des informations historiques pour inspirer l’équipe. Nous nous basons sur des plans d’époque, sur des informations concernant les technologies des armes, des trains, des navires et des éléments pour lesquels l’équipe a besoin d’informations. Nous utilisons également des magazines, des documentaires, des séries, des monographies, des visites dans des musées ou sur le terrain.

Au final, c’est tout de même un mélange entre fiction et Histoire.

C’est assumé. Le jeu ne prétend pas être un documentaire historique. Le jeu est une fiction, inspirée par l’Histoire. Dans l’Histoire, on ne sait pas tout et les historiens ne disent que ce qui est attesté. Ensuite une prise de position doit être effectuée par l’équipe pour amener à une expérience complète du début à la fin du jeu. C’est pour ça que des anachronismes sont assumés, alors que des détails historiques peuvent passer inaperçus. Les joueurs qui s’intéressant à l’Histoire peuvent aller chercher de l’information factuelle et historique dans certains menus du jeu lui-même.

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