Quasi aucun bûcheron

La Suisse compte cinq clubs de lanceurs de haches, dont le club vaudois. Les professionnels de la forêt y sont quasi inexistants

Si les Vaudois se sont mis au lancer de hache un peu par hasard, quelle est l’origine de ce sport? Elle est double. C’est en tout cas l’avis de Christian Thiel, le président de l’association Eurothrowers, qui réunit près d’une trentaine de clubs en Europe.

«D’un côté, ce sport vient des bûcherons, explique-t-il. De l’autre, il s’agit d’un sport associé au lancer de couteaux, qui se pratique comme un sport de détente, sans lien avec les bûcherons.»

Pour cet habitant de Munich, le succès de ce sport s’explique par le calme et la concentration qu’il nécessite. Signe de sa bonne évolution, il a dépassé le stade du simple loisirs entre potes. Des clubs commerciaux et payants ont ouvert à Londres et à Paris. «Ils se sont développés sur le modèle des salles de bowling», explique Christian Thiel.

Le fait que les bûcherons soient peu nombreux parmi les lanceurs de haches n’est pas particulièrement étrange. Car la hache ne fait désormais plus partie de leurs outils de base. Elle a été détrônée par la tronçonneuse.

D’ailleurs les apprentis vaudois n’y sont quasi plus formés et la hache n’est pas comprise dans leurs examens de fin d’apprentissage. «Les apprentis passent toutefois deux journées de formation au maniement de la hache, au tout début de leur formation. Ces deux jours ont surtout comme objectif de leur faire travailler leur coordination en vue du maniement de la tronçonneuse», explique Denis Rychner, responsable de la communication de la Direction générale de l’environnement de l’Etat de Vaud. «Les haches employées de manière récréative n'ont souvent rien à voir avec les haches utilisées lors des cours, car faites spécialement pour le lancer, par exemple.»

Il y a effectivement hache et hache. Les lanceurs de la Riviera adorent la hache double, dont les mensurations répondent à des critères internationaux. Ailleurs on mise davantage sur la hache simple, comme pour la Schweizer Werfervereinigung (Union suisse des lanceurs), qui regroupent des lanceurs de hache et de couteaux.

«Nous comptons une dizaine de membres, venant notamment de Zurich, de Bâle, de Berne et des Grisons. Nous utilisons des haches de style tomahawk», explique le Jurassien Antony Rondez, l’un des membres de la Schweizer Werfervereinigung. Il est l'un des organisateurs du tournoi de lanceurs en avril dernier en Ajoie. Il a réuni une trentaine de participants suisse, français et allemands.

«Il n’y a pas de bûcheron qui pratique en Suisse mais plutôt des paysagistes, maçons et un douanier, au sein de notre club, ajoute-t-il. Certains clubs ont été créés par des tireurs.» Il explique le succès de ce sport par sa simplicité: «Vous pouvez l’apprendre à n’importe qui en cinq minutes.»

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