Ces Suisses morts pour la France

Un outil de recherche inédit

Photo: archives de la ville de Toulouse

Photo: archives de la ville de Toulouse

Textes et données Erwan Le Bec
Modélisation Matthieu Rudaz


Pendant des mois nous avons compilé les données déclassifiées par les archives françaises. Ces registres et fiches noircies par un siècle d'histoire révèlent les noms de près de 2000 enfants de chez nous tombés durant le premier conflit mondial. Des noms, des prénoms, des biographies ordinaires et extraordinaires, qui permettent de comprendre comment, il y a cent ans, des gens d'ici sont partis faire la guerre. Voici la longue liste de ceux qui ne sont pas revenus.


Notre méthode

Le centenaire de la Grande Guerre a entraîné, en France notamment, la numérisation et la déclassification d'innombrables archives. Nous avons choisi d'exploiter les listes des hommes "Morts pour la France" et "Non morts pour la France" du Ministère de la Défense et d'en extraire les hommes natifs de Suisse.

Pourquoi ? Parce qu'à ce jour, aucun outil ne permet de rechercher humainement les hommes par nationalité, il y a un siècle. C'était une époque où le concept de nationalité était radicalement différent d'aujourd'hui, et le passage par le recrutement militaire en définissait par exemple une partie. Nous avons donc travaillé à partir d'une population. Celle des hommes -et à travers eux des femmes et des enfants- qui vivaient et faisaient la Suisse d'alors. Ils parlent pour ceux qui, eux, sont revenus vivants du conflit. Et aussi pour ces Suisses nés à l'étranger et mobilisés en France, sans que les registres nous permettent de les cerner. L'Union des anciens combattants de Lausanne estime ce corpus à au moins un millier d'hommes tombés au front. Ce serait en réalité encore des milliers d'hommes en tout.

Nous avons compilé les données centrales, celles des archives de presse de l'époque, et celles des registres matricules, ces fichiers qui conservaient le parcours des mobilisés durant leur carrière militaire. C'est ainsi que la majorité des 1901 natifs de Suisse morts pour la France dispose ici d'une biographie complète. Une grosse lacune cependant. La Légion étrangère ne communique pas les registres, s'ils existent encore, concernant les hommes du rangs.

Une façon peut-être pour elle de prouver encore un siècle plus tard, qu'elle sait conserver les secrets que ces hommes ont pu choisir d'effacer en poussant la porte de Sidi Bel Abbès.

Pour aller plus loin

Les fiches de décès de la Première guerre mondiale au Ministère de la Défense recueillent la liste des militaires français tombés au cours du conflit. L'indexation numérique de ces fiche,s par des volontaires bénévoles comme le professeur d'histoire à la retraite de Besançon Bernard Jacquet, a rendu possible des recherches comme la nôtre. Merci à eux.

Les archives militaires départementales comme celles, par exemple, du territoire de Belfort, possèdent normalement les fiches matricules des engagés. Des documents qui peuvent être plus ou moins complets.

Les relevés des monuments aux morts, compilés par des généalogistes passionnés.

Le site du Grand mémorial, qui regroupe l'essentiel des informations utiles pour la recherche de documents individuels.

Pour les passionnés enfin, des blogs tels que combattant 1914-1918 sont des incontournables.

© Tamedia